Le vampirisme
Le vampirisme
Le vampirisme fait couler beaucoup d’encre, depuis des décennies. Pour quelle raison, et qu’entend-on par ce concept galvaudé sur la toile de nos rêves et de nos aspirations ?
Portée par ce thème captivant, j’ai écrit ma première trilogie Déviance en essayant de montrer par le biais d’une romance entre une auteure de livres fantastiques et un vieux vampire, la relation particulière qui s’instaure dans ce cadre.
Ce fut mon approche initiale avec l’univers de la publication. Ce qui m’a plongée dans l’expérience fut ma toute première rencontre avec cet univers, par le biais d’un vieux livre poussiéreux abandonné parmi un tas d’autres vieux livres. Le « Dracula » de Bram Stoker. Mon père me disait souvent que je ne devais pas me passionner pour des écrits dont je ne pouvais pas appréhender toutes les implications. Et je le comprends, car alors, je devais avoir dans les onze ans. Il me disait que mon esprit n’était pas préparé, pas suffisamment aguerri à concevoir un sujet de cet ordre de manière appropriée. Mais je ne l’ai pas écouté ; rien n’aurait pu me faire abandonner cette lecture qui m’ouvrait des univers encore ignorés.
L’on trouve dans le milieu de la culture, de nombreux livres et de films traitant de ce sujet, mais la plupart du temps, il ne s’agit que de brosser l’histoire d’une romance ou de conflits qui ne mettent en œuvre que la relation superficielle entre les personnages, entre le vampire et son ou ses sujets. Mais ce que je voulais approfondir en écrivant « Déviance », c’est ce que s’avère le vampirisme dans son essence, son dessein, ses conséquences au-delà de l’apathie de la victime et de sa mort et/ou de sa transformation à venir. Qu’est-ce qui incite le vampire à frapper et la victime à s’offrir à sa vindicte.
Les pulsions de l’un et l’autre sont beaucoup plus riches, que ce que l’on peut escompter au premier abord. La relation qui se noue est beaucoup plus profonde, plus métaphysique, et engendre des cognitions inattendues chez le vampire et sa proie. Des aptitudes dont on n’aurait pas soupçonné la présence sous-jacente avant que cette relation occulte ne s’instaure. Le plaisir et le désir ou la vindicte agressive ne sont que des facettes de cette dynamique portant un être à se nourrir d’un autre aussi bien par le sang que par l’énergie psychique de sa proie ou de tout autre principe. Des liens d’empathie, de télépathie et d’offrande mutuelle peuvent être à l’origine d’une réalisation inédite de l’existence.
Si le vampire s’avère un archétype implanté dans nos croyances profondes, qu’en est-il de la victime qui s’offre d’une certaine manière à sa passion ? Un sacrifice, le cheminement occulte vers un dépassement de soi quelles qu’en soient les conséquences ou le spectre d’une fusion des êtres en dépit des enchaînements de cause à effet.
En abordant ce thème, ce que j’aspire à montrer, c’est l’étroite relation et les effets miroirs qui fondent le socle d’une aventure hors des sentiers battus, hors des contingences que peu de personnes auraient le courage de pénétrer. Ce que j’essaie d’introduire, c’est cette notion d’ancrage d’une entité sur un autre esprit, des mécanismes complexes de domination et d’asservissement et de l’inconscience suscitée de ce fait. De cette influence insidieuse qui amène une individualité, à se coucher sous le prisme déviant d’un être assoiffé.
Des extraits de mon roman de vampire Déviance :
« Le vertige des sens est parfois trop prégnant pour parvenir à y résister. Ainsi en va le charisme des puissants sur la détermination des plus faibles. Mais qui sont les puissants ? »
« Mon manuscrit me hante. Comment pourrais-je poursuivre sans lui ? Mais aussi comment faire pour rejeter son emprise qui s’imprime sur mon être et le détourne de moi ? »
« Quand on vit avec un monstre, il faut s’attendre à des déviances du cours de votre existence. Le démon me pousse à écrire. Mais je ne veux plus écrire ! Et l’illusion est si forte qu’elle se met à vouloir lire mes lignes et devient exigeante. »
« Je le vois dorénavant partout, jusque dans l’aube qui cristallise le peu de réalité qui me reste. Il me hante et je le hante. »
« Cette nuit, le diable s’est fait homme, pour moi, uniquement pour moi. Il a rompu les amarres pour retrouver son port d’attache. Moi. Protège-moi, démon. Protège-moi de tous ceux qui me veulent du mal. Dresse entre moi et les autres, cette force que tu as. »
« Quand le doute occulte mes pensées au point de m’aveugler, je n’ai pas d’autre choix que d’en suivre la trame puis de fuir et fuir encore. Jusqu’à mon retour. »
« Le courroux d’un vampire tout autant que sa passion sont source d’affliction en même temps que de félicité. L’exaltation qu’il amène me bouleverse et m’électrise, chaque fois. Mais quand ses crocs et sa bouche se mêlent en moi, je ne suis plus que lui. A-t-il été trop loin ? »
« Mes rêves sont comme mes écrits, ils vivent au gré de ma volonté. Le démon revenait, et avec lui son univers. Ses coups de boutoir achevaient de me déstabiliser. Il errait seul, perdu, égaré, à l’instar d’un enfant me donnant l’envie de cohabiter. »
« Quels sont ces mots que j’entends, cette confusion qui me prend ? Je ne suis plus moi-même et je crie depuis l’intérieur de mon être. Que m’a fait le démon dont je me suis entichée. Pourtant, je l’aime et lui ne peut m’extraire de sa propre chair. Captifs l’un de l’autre, avec cette soif en nous qui ne se tarit pas… »
Cet essai n’est qu’une introduction à ce sujet passionnant pour certains. J’espère qu’il permettra de concevoir d’autres schémas, d’autres scénarios afin d’élargir notre vision et de l’étendre bien au-delà de nos limites cognitives.
Votre auteure, Christine Barsi
Un commentaire
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