Chronique Littéraire de Déviance par Arkane
Chronique Littéraire de Déviance, roman de vampire
Par Arkane
Publiée le 9 septembre 2018
Rendez-vous sur le site d’Arkane
Extrait : … …
DÉVIANCE
Éditeur : 5 sens éditions
Résumé…
Sur la lande des Pennines, la rencontre d’une écrivaine de récits fantasques avec l’un de ces êtres étranges peuplant les antres rocheux des Yorkshire dalls, là où les trolls et les vampires se terrent dans le triangle des Bardens, un site réputé parmi les plus hantés au monde.
Leur confrontation entraînera un choix difficile… York et ses ruelles tortueuses seront le théâtre de crimes énigmatiques, ainsi que leur terrain de jeu, jusqu’à ce qu’il en décide autrement…
Mon avis…
La couverture présente une femme encapuchonnée, armée d’une dague. En arrière-plan, on distingue des nuages noirs qui contrastent avec le blanc. Le personnage m’évoque une sorcière ainsi que les représentations traditionnelles et modernes nous les montrent. Le fait qu’elle brandit une arme laisse supposer de l’action. La typographie est simple… … Cette couverture travaillée simplement est agréable.
Le résumé est intéressant. Court et concis, il propose au lecteur de suivre les aventures (et mésaventures sans doute) d’une mère de famille partagée entre sa vie de famille et un vampire qui la pourchasse…
Des personnages détonants…
Premier point fort de ce roman : le personnage de Caitline. Nous sortons des sentiers battus de la jeune fille vierge effarouchée ou soumise au charme dévastateur d’un beau ténébreux pour évoluer avec une mère de deux enfants prénommés Peter et Tommy, mariée de surcroît. Pas du tout le personnage type de ce genre de littérature. Ici, la jeune femme auteure de romans fantastique est une personne résignée par l’existence… … L’arrivée dans le Yorkshire à la suite de leur déménagement, va éveiller en elle de nouvelles aspirations. Une sorte de renaissance engendrée également par la rencontre avec Sean.
Sean, un vampire énigmatique qui va la sauver d’une mort cruelle. Quand Caitline le rencontre, elle se rend compte que le réel et le fantastique se côtoient bien au-delà de ce qu’elle aurait pu imaginer. Elle qui est écrivaine se retrouve face à un être de légende. De là, son sauveur s’immisce peu à peu dans son existence et si au départ, elle trouve cette intrusion déplacée, il va se tisser entre ces deux personnages une incroyable romance, deuxième point fort de ce récit. Sean n’est pas un vampire « nounours ». Il est violent, assouvit ses besoins et sème la mort s’il le faut sans aucun regret. La noirceur qui l’habite est partie intégrante de son être.
Petit bémol en ce qui concerne les personnages secondaires, peu développés à mon avis. Ils auraient mérité un travail tout aussi approfondi que les personnages principaux… La fin de ce roman nous entraîne dans une nouvelle aventure. Je vous laisse découvrir laquelle, car elle clôture ce roman de manière tout à fait surprenante. Bien des choses sont alors expliquées et permettent au lecteur de comprendre pourquoi les fils du destin s’emmêlent parfois…
Un univers étouffant…
L’auteure apporte un nouveau souffle dans le genre de la bit-lit en présentant non seulement une héroïne atypique, mais également un huis clos original entre des protagonistes assez restreints ce qui rend l’atmosphère du livre parfois lourde. Et j’adore ! C’est étouffant à souhait. La plume de l’auteure est aérienne presque poétique par moments. Le vocabulaire est également soigné. J’ai apprécié de découvrir le Yorkshire par le voyage qu’en fait l’héroïne. On se représente sans mal, les paysages embrumés, les ruelles sombres et tortueuses, les cottages perdus…
De nombreuses descriptions émaillent ce roman. La plupart sont longues et apportent, certes, un éclairage intéressant au récit, néanmoins je les trouve trop étirées. Ce serait le seul bémol pour moi avec un manque de dialogues. Cette absence d’interaction verbale entre les protagonistes ralentit le rythme du livre alors que le contraire aurait apporté plus de « peps » au récit. Les dialogues servant justement à apporter plus de nervosité à un texte.
L’introspection des personnages donnant accès à leurs pensées, et comme dit précédemment, les échanges en ont été amoindris et j’estime cela un peu dommage. L’auteure prend plaisir à disséquer au scalpel les émotions, les attentes et les désillusions de ses personnages à la manière d’une chirurgienne. On entre donc dans la tête du personnage avec une rare précision. Les doutes, les questions, nous les partageons. C’est une belle performance de la part de l’auteure que de nous attacher ainsi à ses personnages.
Pour terminer cette chronique, je dirais qu’il s’agit ici d’un bon roman de bit-lit qui s’adresse à un public averti quand même.
Pas de romance pleine de bons sentiments dégoulinants, mais une approche plus analytique et brutale.