Audio Le Visiteur
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Je me propose de vous présenter le même extrait mais écrit, cette fois et non plus audio.
Le visiteur
Hors séquence : L’hôtesse tenait à sa place ; elle ne devait rien dire, et pourtant elle s’était mise à parler.
Le visiteur avançait au sein du vaste hall en direction de la zone d’accueil, ouverte sur une baie vitrée donnant sur les toits de Sydney.
Parvenu près de l’une des hôtesses, l’homme patienta. La quarantaine passée, il affichait une assurance presque agressive en se focalisant sur les expressions de la femme ainsi que sur sa silhouette. Les gestes maladroits de cette dernière, ses paupières abaissées et son attention volatile révélaient sa nervosité face à cette incursion introvertissante. L’homme ne fléchit pas dans son examen, et quand son regard parvint à croiser celui de l’hôtesse, il ne découvrit qu’une neutralité prudente dissimulant le trouble qu’il provoquait.
– Oui, Monsieur ?
– Monsieur Evans, je vous prie.
– Votre nom ?
– Khard Fintch.
L’hôtesse eut une expression presque surprise, lorsque l’agenda de son patron dévoila son contenu.
– Aviez-vous un entretien programmé ?
Le « aviez-vous » laissait sous-entendre qu’il y aurait dû y en avoir un, mais qu’il n’y en avait pas. Khard le savait parfaitement. Il avait débarqué à l’improviste.
– Pas vraiment. Il m’avait suggéré de le rencontrer lorsque je serais de passage à Sydney.
– Monsieur Evans n’est pas dans son bureau, en ce moment. Puis-je vous proposer un rendez-vous pour une date ultérieure ?
– Pourquoi pas, en effet. Quand est-il censé revenir ?
De nouveau l’agression sous le ton voilé. L’hôtesse, une jeune recrue qui n’avait intégré l’entreprise que trois mois auparavant, se troubla de la même façon. À l’instar des nombreux visiteurs qui venaient rencontrer leur patron, celui-ci ne paraissait guère commode. Imbu de sa personne et convaincu de sa supériorité. Devant la question indiscrète à laquelle elle n’aurait pas dû répondre, la volonté de la jeune femme plia sous celle de l’autre.
– Dans la soirée, je pense. Monsieur Evans travaille habituellement très tard.
– Savez-vous où je pourrais le trouver dans l’entre-temps ?
Elle hésita, mais sous le regard infatué, elle ne parvint pas à conserver suffisamment de hauteur pour garder par-devers elle l’information. Elle lâcha :
– Généralement, en fin de semaine, il se rend au sein de son complexe en périphérie de Sydney, à environ trois kilomètres au sud ; il y supervise les recherches.
– BioJadh possède un biocluster, à présent ?
Elle acquiesça, éludant toute réflexion. L’homme la terrorisait sans aucun effort. D’autres mots coulèrent de sa bouche sans qu’elle puisse les retenir :
– L’ATP…
– L’ATP ?
Quel butor ! songea l’hôtesse, sentant la sueur au creux de ses aisselles. En plus, il était ignare. D’où sortait donc celui-ci ? Elle avait hâte que l’homme s’en aille. Les bureaux allaient bientôt fermer ; elle ne voulait pas se retrouver avec cet énergumène sur les bras, à ce moment-là. Elle précisa bêtement :
– L’Australian Technology Park, dans Eveleigh.
– Ah oui, bien sûr. Merci, et à tout à l’heure.
– Mais, je vous dis que…
Elle s’abstint de poursuivre. L’homme se moquait royalement de ce qu’elle avait à dire. Il reviendrait, elle en était convaincue. Elle espérait qu’alors, aucun contretemps ne l’aurait retardée afin de ne pas risquer qu’il l’aborde à son retour.
Cette lecture s’achève ici. J’espère que je vous aurais donné l’envie d’en lire davantage. N’hésitez pas à vous rendre sur mon site : christinebarsi.com. À bientôt.